Quand Pleasance ouvrit les yeux, il était déjà plus de neuf heures. Elle fixait de son regard vide, le plafond comme à son habitude. Elle remuait légèrement les lèvres puis se redressa d’un coup tandis que les premiers rayons de soleil frappaient ses cheveux bleutés puis plaqua ses deux mains sur son visage et se recroquevilla. Elle soupira profondément avant de repenser à hier. Foutue journée. Poisseuse et ennuyeuse, heureusement, Pleasance réussit à contenir ses émotions mais trop tard. En passant, elle avait faillit insulter son professeur quand il lui donna deux heures de colle pour quelque chose d’assez bête. Le mauvais temps l’avait un peu déprimé, c’est mieux que la colère, non ? Puis sa connexion internet bugua toute la soirée, elle avait sûrement la poisse. On ne pouvait dire que ça. Elle sauta hors de son lit puis fila prendre une bonne douche pour pouvoir avoir les idées claires, et ce fût le cas. Après s’être séchée les cheveux, brossées et avoir fait le reste de sa toilette, elle s’installa sur son lit, encore avec sa serviette et se laissa tomber sur son lit, pensive. Belle orchidée, qu’avez-vous en tête ? Rien à voir avec hier. Sans prendre garde, elle finit par se lever, enfiler un vieux slim noir, une chemise à manches courtes et des bottes. Quelque chose d’assez simple, n’ayant pas la tête à vouloir être excentrique ce samedi matin. Pourquoi ? Fallait-il le répéter, encore et encore ? Elle pesta et se laissa aller. Elle enfonça son téléphone et son Ipod dans ses poches et quittant de manière rapide, sa chambre ou peut être, son tombeau.

Pleasance se sentait un peu mal à l’aise, impression étrange comme elle, qui la faisait frissonner d’un plaisir qui était encore inconnu pour elle. Elle marchait d’un pas pas trop lent et pas trop rapide, les yeux rivés vers le sol, elle fixait le sol. Etrangement, ses prunelles inspiraient la rancune ou la mélancolie, quelque chose d’indéfinissable vu que généralement, il n’inspirait rien. Il y avait des murmures autour d’elle. Pas des murmures sur sa personne, ses murmures étaient lancés en l’air. La foule se pressait mais pourtant, Pleasance se sentait seule. Terriblement seule. Elle n’aimait pas être seule, elle cria une complainte sourde. Elle était seule. Seule. Seule. Le temps s’était ralentit, son temps à elle. Elle observa les « autres » marchaient à une vitesse ahurissante. Ce n’était pas étrange pour elle, bizarre. Elle n’avait pas peur, trop prise par elle-même. Une certaine forme d’égoïsme, c’est vrai. Mais personne n’est parfait. Elle esquiva d’un petit sourire puis tout redevint normal, c’était dans sa tête que rien n’allait. Aujourd’hui, elle n’était pas cette fille tranquille, assez énervante certes, mais vraie. Elle n’était plus cette fille, si…unique. Enfin, pas pour aujourd’hui. Le « passé » l’a hanté. Ce passé qui est présent en elle depuis qu’elle s’était réveillée. Elle grogna intérieurement tandis que le vent entrait sous sa chemise, effleurant son sous-vêtement et de filer aussitôt. Elle se mordilla la lèvre inférieure tout en levant la tête, les yeux fixés au bout de la grande avenue comme si la vérité lui avait éclaté d’un coup, tel un électrochoc. Elle eut soudainement, ce rire si léger qui la caractérisait et elle fonça d’un coup sans réel but.

Souffle. Murmures du vent. Elle étira ses bras d’un coup, comme si elle se sentait oppressée. Ses lèvres s’étirèrent puis elle frissonna à cause du vent, froid. Elle regrettait son cardigan, ô source de chaleur ! Elle regretta d’être partie d’un coup, elle se maudissa intérieurement puis commença à regarder ce qu’il y avait autour d’elle. C’était grand et vide. Une sorte de clairière proche de la sortie de la ville qui laissaient filtrer quelques rayons de soleil. Comme elle avait foncé tête baisser, elle s’était retrouvée dans cet endroit, un coin de la ville qu’elle ne connaissait pas. Cela ne l’inquiétez pas vraiment. Elle n’avait pas vraiment envie de rentrer au pensionnat, si c’était pour dormir non merci. Elle décida donc de s’installer au pied d’un arbre, endroit justement où la lumière frappait le plus puis ferma les yeux et se laissa aller. Mais elle tiqua, en entendant des bruits de pas. Elle savait qu’elle n’était pas seule, pourtant, elle ne bougea pas d’un poil.